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Affaire Ubisoft Vivendi : où en sommes-nous ?

On attendait la réponse d’Yves Guillemot suite à la prise de participation majoritaire de Monsieur Vincent Bolloré dans le capital de l’entreprise. La résistance s’organise alors que les résultats du groupe ont été moroses. Décryptage.

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Yves Guillemot : entre amertume et résistance

Yves Guillemot ne digère visiblement pas l’immiscion de Vincent Bolloré au sein du capital de la société. La récente augmentation du nombre d'actions détenues par Vivendi permet désormais au groupe d’être en position de force dans les discussions.
"Nous avons le sentiment d'avoir vécu une agression. J'ai reçu un appel de Vincent Bolloré deux heures avant l'annonce de son entrée dans le capital d'Ubisoft. Il ne m'en a même pas parlé !", a déploré l'entrepreneur.
Voici comment Yves Guillemot, le cofondateur de l'éditeur français de jeu vidéo Ubisoft, a exprimé dans Le Monde son ressenti sur l'irruption du groupe Vivendi dans le capital de son entreprise. Le PDG fustige l'attitude de dirigeant Vincent Bolloré. Il dénonce, fustigeant des méthodes "d'activiste" :
Prendre un pourcentage dans notre société sans discuter avec nous au préalable, ce sont des méthodes d'un autre temps. On n'entre pas dans une société en cassant la porte !
Yves Guillemot a à nouveau insisté sur la volonté d'indépendance de son entreprise pour privilégier la "réactivité et la liberté de ton". "Dans le jeu vidéo, je ne connais pas une seule société qui fonctionne à l'intérieur d'un groupe de ce genre", souligne-t-il à propos de Vivendi.

Le dirigeant estime par ailleurs qu'Ubisoft est en conflit d'intérêt avec Vivendi, puisque le groupe de médias et contenus détient toujours 6% du capital d'Activision Blizzard, géant américain du jeu vidéo. Il rappelle d'ailleurs que le patron de son concurrent avait reconnu, après avoir retrouvé son indépendance, que "Vivendi l'avait empêché d'être réactif et agile".
La crispation entre les deux hommes s’est donc accentuée quand Vivendi a augmenté sa participation au capital des deux entreprises, pour la porter à 10,39% et 10,20%. Le groupe est ainsi devenu le premier actionnaire d'Ubisoft, devant le fonds FMR LLC et la famille Guillemot, qui en détiennent un peu plus de 9% chacun. Recentré dans les médias et la production de contenus, Vivendi a même affirmé qu'il n'écartait pas une prise de contrôle d'Ubisoft et de Gameloft. L’entreprise en a clairement les moyens.
Ces achats n’ont pas été spécifiquement conçus comme une étape préparatoire à un projet de prise de contrôle d’Ubisoft et Gameloft. Néanmoins, sur les six prochains mois, Vivendi ne peut pas écarter la possibilité d’envisager un tel projet.
Pour faire face, Yves Guillemot explique "étudier toutes les options possibles, y compris auprès de nouveaux partenaires" pour répondre au "contrôle rampant" de Vivendi.

Nous cherchons un potentiel investisseur ou partenaire qui jugerait la coopération pertinente, pour que cela booste les profits de la compagnie et que cela soit positif pour les actionnaires, soufflait-il, ajoutant qu'il s'agit d'une "priorité" pour Ubisoft.
Ubisoft ayant déjà des liens forts avec divers partenaires venant du cinéma tels que Nickelodeon, Warner, Fox ou Columbia, peut-être que l’alliance se fera via ce domaine.
Mais c’est surtout le mutisme de Bolloré sur cette opération qui gêne le plus Yves Guillemot.
Nous n'avons eu aucune discussion avec Bolloré depuis celle que nous avons eue deux heures avant qu'il n'annonce son entrée au capital.

Pas évident dans cette situation de se projeter dans un avenir commun ou un quelconque partenariat. Les visions sont très différentes. Vivendi imagine des synergies entre les différentes sociétés de son groupe, sans parler d'une fusion entre Ubisoft et Gameloft, alors que d’un autre côté, Yves Guillemot n’a pas besoin de Vivendi car Ubisoft a déjà de nombreux projets d’extension (parc, cinéma) sous le contrôle étroit de la famille Guillemot.

Pour le moment, pour manifester un peu plus son signe de rejet, Ubisoft a annoncé quelques jours avant ses résultats financiers qu'elle confiait son budget publicitaire à l'agence Mindshare au détriment d'Havas Media, dont le propriétaire n'est autre que le groupe Vivendi. Cela peut être interprété comme un petit tacle à la recherche de synergies chère à Vincent Bolloré.

Un yoyo dans les résultats qui plaide pour une stratégie de planification sur une longue durée.

Les chiffres que la firme a publié sont médiocres. Ubisoft, troisième éditeur mondial, a réalisé un chiffre d'affaires de 96,6 millions d'euros au premier trimestre. Si l’on reste sur cette valeur, on se dit que ce n’est pas si mal que cela, mais en comparant cette période avec l’année dernière, on constate que le chiffre d’affaires est en baisse de 73,2% par rapport à la même période l'an dernier. Cette période avait été marquée par la sortie de Watch Dogs.
Sur les 6 premiers mois de son année fiscale, le géant français a réalisé seulement 207 millions d'euros de CA, contre 484 millions sur la même période l'an passé. Le constat est similaire concernant le résultat net de l'entreprise, qui est en déficit de 75 millions d'euros alors que l'an passé, Ubisoft enregistrait un bénéfice de 12 millions d'euros.

Tout ceci n’est pas lié à une contre-performance de l’entreprise mais par un faible line-up de jeux sur cette période. Ubisoft a de nombreux titres en préparation mais entre les retards pour finaliser certains produits et la traditionnelle concentration de titres sur la fin d’année, une grande partie de l’année est restée quasiment déserte, ce que dénoncent régulièrement les joueurs qui souhaiteraient un meilleur étalement des productions.

Une trop grande concentration de titres en fin d’année crée obligatoirement de la casse, les joueurs ne pouvant investir dans tous les titres, de très bons jeux obtiennent des scores de ventes médiocres. Un vrai gaspillage d'opportunités !

Ubisoft reste optimiste pour les mois qui viennent en maintenant son objectif annuel de 1,4 milliard d'euros de CA. L'éditeur estime être en mesure de réaliser un chiffre d'affaires de 600 millions d'euros au prochain trimestre, suivi par le meilleur trimestre de l'histoire d'Ubisoft. Car si on se fie à son calendrier de sortie, il y a du lourd : Rainbow Six: Siege, Just Dance 2016, Far Cry Primal, The Division… Chaque titre pouvant espérer dans sa catégorie amener une clientèle nombreuse en s’étalant sur un calendrier de sortie qui couvre jusqu’à mars.
Oh la belle 8e place de Super Smash Bros. !
Mais l’entreprise devrait rester un peu plus vigilante car une certaine grogne s’est installée autour de ses licences et des joueurs ont été très échaudés par les promesses anciennes pas toujours tenues.
Just Dance et Assassin's Creed sont les deux licences phares de l'éditeur (respectivement 13e et 5e réussite mondiale) mises en avant par l'éditeur dans l'infographie ci-dessus. Mais elles sont fragiles désormais (NDLR : notez la 2e place de Mario et Wii Fit pour Nintendo !).

Le scandale touchant la dégradation des effets graphiques des jeux entre leur présentation dans les salons et leurs sorties effectives a laissé des traces (notamment Watch Dogs). D’autres joueurs ont été refroidis par des bugs très pénalisants (Assassin’s Creed: Unity). Pas loin de 20 Go de correctifs via une demi-douzaine de patches afin de corriger une quantité de bugs et autres errances techniques qui gâtaient grandement l'expérience de jeu. Un résultat catastrophique donc, qui ne manqua pas d'attiser un peu plus la colère de certains joueurs à l'encontre de la politique d'Ubisoft, qui pour s’excuser en vint à offrir une partie de son season pass.
Ainsi, le blockbuster Assassin's Creed: Syndicate, sur lequel Ubisoft compte beaucoup pour Noël, connaît déjà un lancement moins bon que celui d'Assassin's Creed: Unity. Les critiques restent partagées (trop de répétition dans le mécanisme du jeu, grande variabilité dans la qualité des textures…) si bien que le démarrage du jeu a été très décevant, révèle Le Monde, avec 66 000 unités livrées la première semaine, contre 167 000 pour le précédent opus.

Ubisoft devrait avoir la sagesse de ne plus annualiser sa franchise pour prendre le temps de lui apporter un peu de fraîcheur (et lui permettre de finaliser la réalisation technique et le gameplay, ambitieux à la base, mais régulièrement pris en défaut sur les derniers épisodes). Accessoirement, cela pourrait lui redonner un peu de temps pour développer à nouveau sur les consoles Nintendo.

Ce passage creux d’Ubisoft est une justification supplémentaire de sa lutte contre Vincent Bolloré. Comme le rapporte NextInpact, Yves Guillemot, affirmait dans un mail interne récent que le principal risque d'une prise de participation de Vivendi dans Ubisoft est que l'entreprise "serait alors dirigée par des gens qui ne comprennent pas notre expertise ni ce qu'il faut faire pour avoir du succès dans cette industrie".
L'éditeur affirme tout simplement être le seul au monde capable de lancer plusieurs jeux basés sur des mondes ouverts chaque année, et ce de façon régulière. Une performance qui selon l'éditeur français nécessite "une planification sur le long terme" et "des équipes massives".
Une déclaration exacte dans les faits puisque Ubisoft a lancé 8 titres depuis 2013 correspondant à cette définition. Le groupe possède le plus grand nombre d'employés au monde parmi les autres entreprises du secteur, à l'exception peut-être du nouvel ensemble formé par King et Activision Blizzard, qui avec un peu plus de 9 100 employés, fera jeu égal avec l'éditeur français.
Mais est-ce que cela pourra durer très longtemps au regard des réserves émises plus haut dans cette annualisation de certaines licences qui effrite grandement son capital d’attachement ?

Ubisoft et Nintendo, le désamour

Parmi les données publiées lors du dernier rapport financier, c’est la répartition des ventes de jeux Ubisoft sur les différents supports du marché qui était attendue. Et à ce petit jeu, c'est Sony et sa PS4 qui domine les ventes, en réalisant à elle seule 27% du CA de la compagnie, contre 20% pour le PC, et 12% pour la Xbox One. La Wii U trône avec un magnifique 1%.
C’est la rupture complète car même les promotions sur les anciens titres ou le maintien de la licence Just Dance sur les consoles de Nintendo n’a enrayé cette coupure. Le divorce des consommateurs Nintendo avec Ubisoft semble consommé, l’éditeur n’ayant pas fait grand-chose pour rapprocher les deux univers, que cela soit par les communications un poil lapidaires sur la Wii U ou par les propositions concrètes pour récompenser les fidélités des consommateurs.
Ainsi, une opération récente pour trouver des supers testeurs sur Just Dance dans l’optique de redynamiser la licence et lui apporter des idées nouvelles, s’est traduite à la fin par des réductions valables uniquement sur des produits qui n’existaient pas sur Nintendo.
Le PC et la PS4 ont clairement les faveurs actuelles de l’entreprise et il n’est pas sûr que le système NX change la donne, l’entreprise privilégiant clairement la base installée.

Sources : Ubisoft, Le Monde et NextInpact.
Commentaires sur l'article

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vexkin
Ça me fait presque de la peine pour Ubisoft que ce c*nn*rd de chez Vivendi veuille prendre le pouvoir, mais je me dis à la fois, que c'est bien fait pour leur gueule, après les coups bas qu'ils ont fait à Nintendo.
Talban
ça me fait ni chaud ni froid cette histoire, Guillemot a trouvé quelqu'un de plus pugnace que lui. Je ne sais pas si c'est une bonne chose pour nous les joueurs mais il serait bon qu'Ubi finalise un peu mieux ses produits. C'est beau sur le papier, c'est beau en présentation salon mais c'est décevant une fois acheté !
Diddu
Le problème, c'est que l'Ubisoft de ces dernières années n'a plus grand chose à voir avec la société qu'on a tant aimée par le passé.

Mis à part le coup d'éclat Rayman Origins, récidivé avec Rayman Legends (même si pour celui-ci, il y a eu des promesses non tenues - on se souvient par exemple du trailer qui avait fuité montrant l'utililsation du capteur NFC de la mablette), l'ensemble des autres productions de la compagnie ne m'intéresse pas. Alors certes, ce sont ces blockbusters qui ont permis à Ubisoft de devenir un géant de l'industrie du jeu vidéo, mais cette compagnie a aussi perdue son âme en même temps. Dommage d'avoir tout sacrifié au business.
sho972
"Nous n'avons eu aucune discussion avec Bolloré depuis celle que nous avons eue deux heures avant qu'il n'annonce son entrée au capital."



Nous n'avons eu aucune compassion pour les joueurs wii u lorsqu'il on répouse "rayman legend" déjà prêt. Pa de regret quant il on refourgue un watch-dog fait comme des cochons. Et indifférence totale des joueurs nintendo sur toutes les licences nouvelles ou anciennes qui sorte exclusivement pas sur console nintendo. Bref ...



À voir ce que bolloré fait avec canal, on verra vraiment le pire à ubisoft !! Tans pis pour eux, aucune compassion "money is money" n'est-ce pas leur politique...
yoann[007]
[quote="sho972"]Nous n'avons eu aucune compassion pour les joueurs wii u lorsqu'il on répouse "rayman legend" déjà prêt.[/quote]
Nintendo n'avait qu'à tenir sa part du deal. Ça m'énerve de lire cet argument bidon à tout bout de champ.
Pingoleon3000
Je suis pas un fanboy d'Ubisoft mais perso je préfère franchement qu'ils gardent leur indépendance plutôt qu'ils deviennent un Activision bis au service de Vivendi... Donc j'espère que Guillemot va trouver une solution et que l'entreprise restera familiale.
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